• Expérience d'une gravité

    MILCZENIE! (Silence !) tente de prouver concrètement que la voie vers un théâtre libre et autonome, par rapport au texte dit d'art dramatique, est possible; mais surtout que cette découverte permet de renouer des liens imaginaires et concrets (car expérimentés) avec les metteurs en scène qui ont créé l'avènement du théâtre du XXème siècle. Naturellement, Kantor, Grotowski, Craig, Appia, Meyerhold, Taïrov.

    "Ce que les gens se révèlent être lorsqu'ils ont peur, c'est cela qu'ils sont réellement. La peur, c'est un intervalle entre les habitudes de l'homme, et dans cet intervalle, on peut voir sa nature telle qu'elle est." (Leskov- Lettre de Vsevolod MEYERHOLD au Procureur de l'URSS)

     

       Expérience d'une gravité                                                                                 

     

     

      

    MILCZENIE ! (" Silence !" en polonais ) est un travail théâtral pur, issu de recherches sur les avant-gardes russes et polonaises du début du siècle.

    Il s'articule autour de l'exécution de Vsevolod Meyerhold, génial metteur en scène fusillé en 1940  par le régime stalinien.

     Milczenie est un long poème scénique muet, composé de trois séquences :

         1  L'exécution de Meyerhold  autour des travaux de Kantor +  Biomécanique

      

         2   Processus de vie tiré d'un exercice de Grotowski sur le théâtre Kabuki,

      

         3  Première scène du premier acte de "La poule d'eau" de S.Ignacy Witkiewicz.

     

     En ramenant le théâtre à son essence, cette expérimentation a posé les bases d'un langage théâtral propre, débarrassé du texte, prenant de face la question du cadre et sur lequel nos expériences théâtrales suivantes prendront largement appui.

     Ainsi avec les acteurs, plusieurs axes majeurs ont été développés : la biomécanique ; le masque facial, le grotesque, le désengagement et le travail du corps nu (exercices tirés et adaptés du Kabuki et de Grotowski).

     L'espace scénique partant du cadre a rencontré la naissance de l'abstraction, rejoignant ainsi les travaux de Tadeusz Kantor (leçons de Milan 1986).

     Une synthèse filmique (14mn) a été réalisée, sorte d'introduction à Straszny ! (création suivante), posant le cadre, et le travail du hors cadre. 

     

    Part 1

     

     

    Part 2

     

     

    Expérience d'une gravité

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La préexistence de la mise-en-scène

     C'est en décrochant le texte de sa réalité descriptive, pour le situer dans une réalité existant uniquement par la présence physique de l'acteur, de ses objets et de leur mise en jeu, que nous pourrons arracher le texte de sa lecture première et l'amener avec détermination à exister, et ce par un sens "physique" des mots vécus dans les non-dits.

     

    Pour que naisse une réalité soudaine et brutale par son essentialité, il faut explorer des champs de rencontres tels, entre une mise en scène et sa confrontation textuelle, que cette rencontre s'accaparera inévitablement - le temps de sa représentation - d'une idée possible de sa réalité vivante avec ses chaos et son abîme.

     
    Le théâtre peut, s'il agit avec radicalité et détermination, créer chez le spectateur un sentiment de malaise, celui de l'homme inachevé donc inassouvi.


    Seuls les spectateurs et non pas les acteurs doivent recevoir des émotions. Un  trop grand assujettissement à l'émotion entraîne une perte dans le jeu de l'acteur. Perte car il n'y a plus de maîtrise de sa part.

     Ainsi, l'acteur évolue dans le lieu unique de la représentation, et si l'acteur n'est qu'une partie  mais indissociable de l'unité que doit créer le metteur en scène, il oscille au-delà de son sentimentalisme personnel au travers de ces deux phénomènes que sont l'unique et l'unité.

     C'est-à-dire, à la fois dans l'anticipation possible du jeu, et en même temps, au plus prés et au plus juste de l'émotion ressentie que lui procure l'instant de l'unité théâtrale.

    Il y a bien un mouvement, un élan ;

                je cherche, je crée, je trouve, je trahis, je recommence.

                Je cherche, je crée, je trouve, je trahis, je recommence.

     Acteur, je sais qu'à chaque seconde qui passe au travers d'une réalité scénique, préexiste et se confronte une décharge naturelle, un choc, qui fait que mon esprit, par éblouissement, sera à même de renseigner sur ce que je suis, pour que je sois cet "autre chose" mais vivant, car non assujetti au texte, à la lumière, à un effet...

                            Spontanéité de l'existence possible sur la scène.

     

    En jeu, il est très difficile - du fait de cette décharge - de créer une césure entre l'esprit qui écoute et le corps qui vibre.

    Il faut redonner au théâtre cette gravité naturelle, cette grâce de l’irréalité qui peut se donner en spectacle.

    Distordre suffisamment la compréhension rationnelle de l'acteur pour qu'il évolue dans cet état d'irréalité et de contrôle inhérent au théâtre.

    Pour jouer la vie, dans ce qu'elle a de plus immédiat, il faut paradoxalement y insuffler un sentiment de mort.

    Pour jouer la mort, dans ce qu'elle a de plus brutal, il faut irrémédiablement y insuffler la vie. (Refus de résignation)

                                                                           Jean-Marc Musial et Virginie Di Ricci

    Expérience d'une gravité

     

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